En partenariat avec le 11e
Festival du Livre de Pont-St-Esprit et du Gard Rhodanien
Le champ des sciences humaines vit
actuellement un profond changement : il tente de sortir des cadres de pensées
modernes afin d’entrer dans une réflexion moins binaire ou clivée, plus proche
de l’organique. L’anthropologie et la philosophie font sauter les binarités
corps/esprit, rationnel/imaginaire et, surtout, nature/culture. Cette dernière
opposition s’origine dans une séparation non-fondée de l’humain des autres
espèces. Ces manières d’appréhender le monde ne sont pas nouvelles : elles
rejoignent les mœurs pré- et péri-modernes de celles et ceux dont le
capitalisme ne forme pas le cadre sociétal.
Mais comment repenser l’histoire de
l’art à l’aune de ces transformations intellectuelles ? L’art n’a-t-il pas,
précisément, été pensé comme l’apanage des humains séparés du reste des vivants
? Comme une «culture» bien séparée d’une «nature» ? Les tiraillements entre
sauvage et domestiqué semblent plus propices pour approcher un nouveau courant
d’œuvres contemporaines.
Certain.e.s artistes placent en
effet les végétaux, insectes ou animaux libres au centre de leur pratique. La
«féralité» - ce processus qui décrit le retour à la vie sauvage d’un
animal domestiqué - ne pourrait-elle pas être étendue à nos quotidiens
afin de sortir de l’immobilisme dans lequel plonge souvent le dérèglement
climatique et la sixième extinction de masse ?
Charlotte
COSSON
Historienne
de l’art et commissaire d’exposition indépendante, elle enseigne à Science-Po
Aix.. Autrice de "Férale, réensauvager l'art pour mieux
cultiver la terre" - Actes Sud